Le Directeur de l’Agence du patrimoine bâti de l’Etat depuis plus d’un an, Abdou Karim Fofana rompt le silence. Dans cet entretien accordé à EnQuête (Ndlr : vendredi dernier), il revient sur les grands projets de sa structure dont le programme phare est le lancement des sphères ministérielles de Diamniadio pour la modernisation de l’administration sénégalaise. Le patron de l’Agpbe qui s’est prononcé sur les difficultés de l’Etat à trouver un siège au Hcct, a aussi annoncé la livraison pour bientôt du building administratif.
Après plus d’un an de service, quel bilan faites-vous de votre gestion à la tête de l’Agence du patrimoine bâti de l’Etat (Agpbe) ?
Mes principaux défis lors de ma nomination à la tête de l’AGPBE étaient au nombre de 4 : La connaissance du Parc Immobilier de l’Etat, l’apurement des arriérés de loyers qui culminaient à 30 milliards et des dettes bancaires de l’ordre de 10 milliards de francs CFA, le lancement des sphères ministérielles de Diamniadio et la mise en place d’outils pour la modernisation de la gestion de l’immobilier public. Un an après, les outils de Gestion notamment le plan stratégique et de développement, le Manuel de procédure et les indicateurs de performance ont été élaborés et soumis à l’approbation du Conseil de Surveillance et des tutelles techniques et financières. Un programme de recensement du patrimoine bâti de l’Etat a été entamé dans la région de Dakar, en collaboration avec la DG des impôts et Domaines et il se poursuivra en 2017 dans les autres régions.
Avec le concours du Ministère de l’Economie et des Finances, 2/3 des arriérés de loyers ont été apurés à la veille de la dernière fête de Tabaski et les dettes bancaires soldées totalement. Sur le développement du parc immobilier de l’Etat, un jalon important va être posé par le Chef de l’Etat ce lundi 26 décembre 2016 à Diamniadio avec le lancement des sphères ministérielles de Diamniadio.
Comment se porte aujourd’hui l’immobilier public ?
L’Immobilier public se porte mieux et devrait s’améliorer davantage avec un changement de paradigme opéré par le Chef de l’Etat en la matière. En effet, il est mis en place pour la première fois une Politique immobilière de l’Etat autour de 3 axes majeurs : La connaissance et la maîtrise du patrimoine, son développement et sa valorisation et enfin la modernisation de sa gestion.
Dans 5 ans, au terme de sa mise en œuvre, la facture locative de l’Etat devrait baisser drastiquement, le déficit en espace de bureaux devrait connaître une réduction de moitié, le patrimoine inutilisé devrait faire l’objet d’une valorisation importante avec le secteur privé et l’Etat pourra avoir une connaissance parfaite de son patrimoine.
En attendant cet horizon 2022, l’Etat continue-t-il de louer des immeubles pour certains de ses démembrements ?
C’est toujours le cas. Cependant une directive présidentielle de 2014 portant sur la suppression des logements conventionnés avait permis d’opérer une baisse de 4 milliards sur les engagements locatifs de l’Etat, soit 25%. Les demandes satisfaites de mise à disposition des services évoluent de 10% chaque année dans notre fichier ; et la capacité d’accueil des bâtiments administratifs n’est pas souvent adaptée à la demande.
Peut-on avoir une idée sur le montant du budget alloué à la location d’édifices privés ?
Le montant est d’environ 15 milliards par an en 2016, Mais il baissera à 13 milliards de francs CFA après la livraison du building administratif puis à 6,5 milliards de francs CFA en mi 2018 avec la livraison des sphères ministérielles de Diamniadio. C’est tout l’intérêt de la Rénovation des grands bâtiments comme le building administratif et le développement du parc immobilier de l’Etat qui va démarrer à Diamniadio avec les Sphères ministérielles
Vous semblez accorder une importance capitale aux sphères ministérielles de Diamniadio. D’ailleurs le chef de l’Etat va lancer les travaux ce lundi (Ndlr : hier), quels sont les grands axes de ce projet ?
C’est le plus grand projet immobilier destiné à l’usage des Services publics dans l’histoire du Sénégal. Il exprime à lui tout seul toute l’ambition du Président Macky Sall pour l’Administration sénégalaise. Souvenez-vous qu’en avril 2016, des propositions ont été formulées à l’issue d’un Forum de l’Administration initié par le chef de l’Etat. Les SMD représentent le premier jalon qu’il pose afin de matérialiser son engagement pour la modernisation de l’Administration.
Avant cette date, le plus grand projet concernant l’immobilier public était le Building Administratif qui a été livré en 1957 par une entreprise italienne. Il comptait 9 étages, 455 pièces environ répartis dans 26 000 m² avec 170 places de Parking et 9 ascenseurs. En 2018 In Challah, il sera livré à l’Administration sénégalaise, sur 3 sites développés par des entreprises sénégalaises et africaines, 120 000 m² d’espaces de bureaux répartis sur environ 5 000 pièces, 2 200 places de parking et 40 ascenseurs. L’ampleur de ces chiffres permet de mesurer la taille de l’ambition du président de la République afin de bâtir une Administration de développement.
Il est prévu dans le cadre de ce programme le déménagement de plus de 10 000 fonctionnaires et d’au moins 15 ministères. Pourquoi un tel changement de paradigme ?
Comme cela a été initié dans d’autres secteurs comme l’énergie et les mines, le changement de paradigme s’impose face à l’immobilisme. Les bâtiments administratifs sont le cadre opérationnel de l’Administration. Au-delà de cette dimension fonctionnelle, il y a aussi une dimension symbolique qui s’attache à ces bâtiments qui doivent matérialiser la toute-puissance de l’Etat qui est la chose commune et qui doit crédibiliser ses acteurs. Il est prévu en 2017 la mise en place d’un comité de pilotage afin de préparer le plus grand déménagement de l’Administration depuis le transfert de la capitale administrative du Sénégal de Saint-Louis à Dakar. Les ministères seront regroupés par famille d’activités afin de faciliter leur collaboration, avec la mise en place de Centres de services partagés et de guichet unique sur chaque site abritant une sphère.
Dans cette volonté de faciliter la mission du service public, qu’est-ce qui a été prévu pour les régions ?
L’autre étape de l’axe développement et valorisation du parc immobilier de l’Etat, dans le cadre de la politique immobilière du gouvernement, est la mise en place de buildings administratifs régionaux afin de regrouper près du Gouverneur de région tous les services déconcentrés de l’Etat dans sa zone de compétence, dans la logique des Centres de Services partagés évoqués plus haut, mais cette fois-ci au niveau régional. Cela permettra à terme d’arriver à une économie supplémentaire de 2,5 milliards par an.
Depuis 2013, l’Etat a supprimé les logements conventionnés. Trois ans après cette mesure, quel bilan vous en tirez ?
Je l’ai évoqué tout à l’heure. La mesure a concerné environ 500 conventions pour un montant de 4 milliards qui ont permis d’opérer une économie de 25 % sur les engagements locatifs.
Avez-vous déjà trouvé un siège pour le HCCT ?
Nous y travaillons, le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) est une institution importante dont le logement est délicat. Il fait partie des institutions citées dans notre constitution à côté du président de la République, du Premier Ministre, de l’Assemblée Nationale, du Conseil Economique, Social et Environnemental et du Conseil Constitutionnel. Son logement nécessite une attention particulière. Nous collaborons avec l’équipe du Président Ousmane Tanor Dieng et espérons pouvoir satisfaire cette demande dans les plus brefs délais.
Où se situe la difficulté à trouver un local pour cette nouvelle institution de la République ?
Il faut trouver un bâtiment autonome qui puisse accueillir environ 200 personnes au minimum avec des normes de sécurité spéciales et une salle plénière. Ce dernier critère est le plus difficile parce que quasiment, aucun bailleur ne construit son immeuble en y prévoyant une salle plénière pouvant accueillir 200 personnes.
Vous êtes du point E et l’on remarque depuis un certain temps la construction à un rythme effréné d’immeubles dans ce quartier jadis résidentiel. Quel commentaire cela vous inspire?
C’est l’évolution naturelle des choses qui veut que les quartiers se transforment au fil des décennies. Selon certains, Le nom ‘’Point E ‘’ est le diminutif de ‘’Point Européen’’, qui permettait à l’époque de faire ressortir le caractère calme, résidentiel et surtout la qualité de vie. Le développement de Dakar comme toutes les grandes villes a favorisé le développement de centres secondaires au Plateau, comme le Point E, la VDN, les Almadies etc.
La particularité du Point E est d’avoir pu garder ce caractère résidentiel, mais aussi de devenir un centre d’affaires avec l’installation de banques d’entreprises et d’Administration à côté des écoles supérieures privées qui voulaient bénéficier de la proximité avec l’UCAD. Au-delà du Point E, la commune est très vivante avec une population d’un peu plus 40 000 habitants dans les différents autres quartiers que sont Fann Hock, Fann Résidence, Sicap Rue 10, Amitié 1 et 2, Zone B ballon et Bâtiment.
On s’achemine vers des élections législatives dans quelques mois ; en tant que jeune responsable de l’Alliance pour la République, comment entrevoyez-vous ces futures joutes électorales ?
Depuis le Référendum du 20 mars 2016, une bonne dynamique a été entamée avec les partenaires et alliés de Benno Bokk Yaakaar. Je vais mettre en place un programme d’accompagnement des électeurs pour une inscription massive sur les listes électorales. En parallèle, je mettrai en place un programme d’animation politique continu pour aller à la rencontre des populations et échanger avec elles sur les difficultés de notre commune, mais aussi partager avec elles les réalisations du Président Macky Sall en 2017. Jusqu’aux législatives, le terrain sera occupé avec les équipes afin de donner une majorité parlementaire écrasante au président de la République.
EnQuête- Medias.net